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« Il n’est peut-être pas de canton en France qui renferme des vitres peintes aussi précieuses et en si grand nombre que la ville de Troyes en Champagne et ses environs »

P. LE VIEIL, L’Art de la peinture sur verre et de la vitrerie, 1774
Le vitrail est un panneau constitué de pièces de verre de différentes couleurs, reliées entre elles par un réseau de plomb. Il est utilisé pour fermer les ouvertures des églises, qui peuvent aussi être appelées baies. Son développement au XIIè siècle est lié à l’émergence de l’architecture gothique dont l’abbaye de Saint-Denis, près de Paris, est le premier exemple. Ce type d’architecture, pensé par l’abbé Suger,
intègre des ouvertures beaucoup plus grandes qui permettent à l’édifice d’être baigné de lumière. L’utilisation du vitrail permet de donner un caractère divin à cette dernière.

La production de vitraux se voit ralentie au XIVe siècle, en partie à cause de la guerre de Cent Ans. A la fin du XVe siècle,Troyes retrouve une prospérité qui permet l’édification de nouvelles églises. La ville devient un foyer artistique, favorisant les nombreuses commandes de bourgeois fortunés qui ornent leurs hôtels particuliers de vitraux. Les professionnels des différents métiers, constitués en corporations, disposent de chapelles dans les églises et offrent des vitraux pour décorer celles-ci.
Le vitrail avait des fonctions diverses. Dans un premier temps, c’était un élément de décoration au service de la religion. Son programme iconographique était déterminé par le clergé. Au Moyen Âge, la majorité des fidèles qui se rendaient à l’église ne savaient pas lire. Les vitraux, véritables « bandes-dessinées », leur délivraient un enseignement religieux que chacun pouvait interpréter selon son niveau d’instruction.

Pour comprendre un vitrail, il est nécessaire de bien savoir le lire. Le sens de lecture n’est pas systématique, mais il se fait traditionnellement de bas en haut et de gauche à droite.

Étape
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Service d’animation du patrimoine – Ville de Troyes

Hôtel de ville – Place Alexandre Israël, 10000 Troyes

Service d’animation du patrimoine – Ville de Troyes

    Hôtel de ville – Place Alexandre Israël, 10000 Troyes

Troyes appartient au réseau national des Villes et Pays d’art et d’histoire. Le ministère de la Culture et de la Communication, direction générale des patrimoines, attribue l’appellation Villes et Pays d’art et d’histoire aux collectivités locales qui animent leur patrimoine. Il garantit la compétence des guides-conférenciers, celle des animateurs de l’architecture et du patrimoine ainsi que la qualité des actions menées. Des vestiges archéologiques à l’architecture contemporaine, les Villes et Pays mettent en scène le patrimoine dans sa diversité. Aujourd’hui, un réseau de 167 Villes et Pays d’art et d’histoire vous offre son savoir-faire sur toute la France.

Textes : Caroline Nancey

Conception : Service animation de l’architecture et du patrimoine, Agathe Guyard, Ville de Troyes

Ont participé : Nicolas Burette, gestionnaire des monuments historiques, Ville de Troyes/Claudie Pornin, attachée de conservation du patrimoine, Ville de Troyes/Patricia Pierson, centre de ressources d’informations, Ville de Troyes/Carole Bell et Daniel Le Nevé, photographes, Ville de Troyes/Hélène Mouton-Simonet, infographiste, Ville de Troyes

Le Pressoir Mystique

    Pl. Saint-Pierre, 10000 Troyes

Pénétrez au sein de la Cathédrale Saint Pierre Saint Paul afin d’y découvrir la richesse de ses vitraux. En entrant, dirigez-vous
sur votre gauche et arrêtez-vous à la quatrième baie.

Cette verrière, réalisée en 1625, est l’œuvre du peintre sur verre Linard Gontier. Il est l’un des derniers représentants de l’école troyenne de peinture sur verre, apparue à la fin du XVe siècle. L’iconographie de ce vitrail est intéressante : les deux donateurs sont représentés de part et d’autre du Christ couché sous un pressoir, accompagnés de leur saint patron respectif saint Jean-Baptiste, reconnaissable à l’agneau qu’il tient dans ses bras, et saint François d’Assise. Le corps du Christ donne naissance à un cep de vigne aux nombreuses ramifications. A leurs extrémités figurent les douze apôtres. Cette scène est donc une illustration de sa parole « Je suis la vigne, vous êtes les sarments » (Evangile selon saint Jean, 15,5). Le sang du Christ, ainsi pressé, est
recueilli dans un calice au premier plan. Le corps broyé du Christ fait référence à la Passion et à l’Eucharistie,
sacrement par lequel les fidèles communient avec le corps et le sang du Christ.

Avancez maintenant vers le transept et regardez les vitraux situés sous la rose à votre droite.

Les Prophètes

    Cathédrale Saint Pierre Saint Paul 10000 Troyes

Cet ensemble fut exécuté entre 1841 et 1844 par le maître-verrier Etienne Thévenot. Cette époque est celle de la redécouverte de l’art du vitrail, complètement abandonné depuis le XVIIIe siècle. Le Moyen Âge redevient à la mode et on s’intéresse aux techniques artisanales qui étaient pratiquées. C’est une période qui voit la restauration de nombreux édifices et de leurs vitraux. À Troyes, l’atelier de Louis-Germain Vincent Larcher est l’un des plus actifs. Pour conserver une certaine harmonie, les peintres sur verre s’appliquent à reproduire

les personnages à la même échelle que ceux des verrières anciennes. Ils les représentent de manière systématique, c’est-à-dire que les personnages se ressemblent tous. Chaque prophète apparaît comme une statue logée dans sa niche.

Cycle de la passion du Christ

    Place Vernier 10000 Troyes

Basilique Saint Urbain : Dirigez-vous vers le chœur de la basilique, derrière l’autel, où se situent les vitraux les plus anciens de l’édifice. Le cycle débute à gauche.

Ce vaste ensemble de scènes, représentées sous forme de médaillons, est caractéristique du XIIIe siècle. La majorité de ces vitraux a fait l’objet d’une restauration au XIXe siècle, ce qui n’a pas altéré la cohérence de l’ensemble. On y reconnaît les épisodes de la Passion dont le Christ parmi les pharisiens, l’Entrée à Jérusalem, le Lavement des pieds, l’Arrestation du Christ, la Comparution devant Pilate, le Portement de croix, la Flagellation, la Crucifixion, la Descente de croix, la Résurrection, l’Apparition à sainte Marie Madeleine, le Repas chez Simon,

la Descente aux Limbes, l’Apparition du Christ aux Apôtres et l’Ascension. L’utilisation de motifs végétaux en grisaille pour le fond témoigne déjà de la grande habileté des peintres sur verre.

En levant les yeux, on peut apercevoir de grands personnages au sein des baies hautes. Tous sont représentés de profil. Chaque personnage est entouré d’une bordure héraldique, où figurent notamment les armoiries de la

Champagne, reconnaissables à leur fond bleu et à leur bande blanche centrale bordée de deux bandes or.

Saint Jacques à la bataille de Clavijo

    15 Rue Vauluisant, 10000 Troyes

Eglise Saint Pantaléon : Une fois à l’intérieur de l’édifice, dirigez-vous vers les baies qui sont sur votre gauche.

Cette verrière fut offerte en 1540 par la famille Dorigny. Cependant, l’identité de l’exécutant reste incertaine.

Contrairement à la verrière de l’Histoire de Daniel (de l’autre côté de l’église) qui relève encore d’une lecture traditionnelle, panneau par panneau, la scène se déroule ici sur l’ensemble de la baie. C’est une réelle évolution dans l’art du vitrail, de même que l’utilisation prépondérante du verre en grisaille. L’utilisation de cette technique ainsi que le choix du thème démontrent une évolution des goûts de l’époque. Saint Jacques, que l’on reconnaît

grâce à la coquille, combat aux côtés des armées chrétiennes d’Espagne. Il aurait contribué à leur victoire contre les Sarrasins. Ce thème n’a pas été choisi au hasard car il illustre la défense de l’Eglise face aux idées de la Réforme.

Homme portant une coiffe ornée d’animaux

    4 Rue Vauluisant, 10000 Troyes

Pénétrez à l’intérieur du musée de Vauluisant pour y découvrir la salle du vitrail.

Cette pièce de verre ovale, qui date de la première moitié du XVIe siècle et provient d’un bâtiment civil, porte le nom de rondel. Seuls les riches bourgeois avaient la possibilité de décorer leur demeure de vitraux, c’est ainsi que se développe l’usage du vitrail civil. L’identité du personnage est inconnue. En raison de sa coiffe, il peut s’agir d’un personnage biblique, Samson par exemple. Cette pièce combine différents procédés techniques, tel le jaune d’argent et la sanguine. Ce vitrail est également un bel exemple de restauration telle qu’elle est pratiquée de nos jours. Jusqu’au milieu du XXe siècle, la seule solution pour recoller les pièces cassées d’un vitrail était l’utilisation de plombs de casse. Toutefois cette technique rendait le vitrail rapidement illisible.

Les procédés actuels permettent un collage quasi-invisible des pièces, remédiant ainsi à cet inconvénient.

Légende de Saint Eloi

    3 Rue de la Madeleine, 10000 Troyes

Terminez votre parcours par l’église Sainte-Madeleine. Dirigez-vous vers le chœur pour y découvrir des vitraux d’une qualité exceptionnelle.

Cette verrière, réalisée en 1506, est attribuée à Nicolas Cordonnier. Saint Eloi est le saint patron des orfèvres, ce qui explique le choix de ce thème iconographique par la corporation des orfèvres troyens qui a offert cette verrière. Ce vitrail est une véritable illustration de la vie des artisans au XVIe siècle. Saint Eloi, représenté dans son atelier avec son apprenti en bas à droite, en est un parfait exemple. La présence de multiples détails et les couleurs éclatantes du vitrail reflètent la richesse et le prestige du métier. Contrairement à ce qui se faisait aux siècles précédents, le clergé n’est plus le seul à décider du programme iconographique du vitrail : il est désormais proposé par les donateurs. Chaque scène de la verrière est encadrée d’un arc en anse de panier et d’une inscription. La perspective géométrique est utilisée pour le dallage. Ces éléments importés d’Italie sont les témoins de l’introduction de la Renaissance dans l’art au XVIe siècle.

Les vitraux de l’église Sainte-Madeleine, ainsi que ceux des autres églises de Troyes, présentent une multitude de procédés techniques remarquables. Nombre d’entre eux ont été utilisés pour les verrières du chœur de l’église.

Création des astres

    3 Rue de la Madeleine, 10000 Troyes

Sur votre gauche, vous pourrez admirer le vitrail de la « Création des astres » qui offre un bel exemple de monture en chef d’œuvre.

L’Arbre de Jéssé

    3 Rue de la Madeleine, 10000 Troyes

Sur votre droite, vous apercevrez du verre gravé à de multiples reprises au sein de « l’Arbre de Jessé », notamment dans les tuniques et les accessoires des personnages.

Comparution devant Caïphe

    3 Rue de la Madeleine, 10000 Troyes

Dans la verrière suivante, on distingue également du verre vénitien dans la « Comparution devant Caïphe ».

Ecce Homo

    3 Rue de la Madeleine, 10000 Troyes

On distingue du verre aspergé dans l’Ecce Homo (sur le corps du Christ).

L’embarquement de Sainte Madeleine

    3 Rue de la Madeleine, 10000 Troyes

« L’Embarquement de sainte Madeleine » propose un autre exemple de monture en chef-d’œuvre à travers le bijou ornant le chapeau de l’homme sur le rivage.