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S’il est un Ancêtre végétal à vénérer, c’est à l’évidence ce modeste porte – greffe des pépiniéristes, père de nos bicentenaires roses d’ornement, qualifié Rosier des chiens, Églantier, Galantier, Rosier des Galants.

Persuadés de son efficacité thérapeutique dans la guérison de la rage, depuis la racine jusqu’aux graines, les Grecs lui attribuèrent un nom d’espèce « canina » ( chien ), associé au scientifique Rosa canina L. .

Décoré de faux fruits rouge-vif pigmentant le cœur de la campagne hivernale, il forme spontanément des barrières naturelles qui, plantées, façonnaient les palissades épineuses des premiers remparts de campements humains.

Lisières des bois et bords de chemins, regorgent de ces baies empourprées, des cynorhodons ovoïdes et charnus, concentrés comestibles de vitamines A,B2,B3 et de la C, fortifiant du système immunitaire, à teneur vitaminée dix fois supérieure au citron, préventive des infections respiratoires et du scorbut, d’où sa dénomination d’acide ascorbique.

Six mille pieds d’églantiers se développent dans le Département de l’Yonne sur une superficie de 270 ha, donnent après floraison et fécondation, 810 tonnes de précieuse semence récoltée mécaniquement l’été.

Expédiée et transformée au Royaume des Pays-Bas, elle enrichit de ses qualités, des confitures, gelées, sirops, fabriqués en Hollande et exportés dans le monde.

Le Chili récolte annuellement 3 000 tonnes de cette manne culinaire, descendante directe des rosiers sauvages importés au XVII ème s. par les Colons pour la construction des clôtures défensives de terres dérobées aux autochtones.

Ses grains irritants, baptisés poils à gratter, ont longtemps été convertis en farces et attrapes, délicatement déposés dans la literie de jeunes mariés ou dans les garde-robes de boucs – émissaire.

Elles doivent le nom grossier de « grattes-cul », à leur vocation de vermifuge et aux conséquentes démangeaisons anales, après ingestion.

En période de récession, nos ancêtres les adjoignaient moulues, à la farine de céréales, ou torréfiées, en succédané du café.

Quelques excroissances tanniques et chevelues collées à ses tiges, fumées comme tabac à pipe, les bédégars, renferment les larves du cynips, une petite guêpe qui pond dans cet hétéroclite habitat.

De délicates églantines saumon pâle, précieuses offrandes des amoureux courtois, s’épanouissent généreusement en mai, et reçoivent la visite du hanneton des roses, la cétoine dorée, se repaissant jusqu’à l’ivresse, de ses étamines polliniques.

Des fragments de pétales qui reposent dans les tombes de Pharaons, confirment la présence de ce rosier, déjà en Égypte il y a 3 000 ans av. J-C.

L’île de Rhodes, archipel grecque de la mer Égée, accueillait tant de rosiers, qu’elle frappa sa monnaie à l’effigie de la fleur d’églantier.

Les travaux des Chercheurs du Dépt. de biochimie à l’Université Algérienne de Tizi-Ouzou, confirment que l’extrait aqueux de ses feuilles, possède des qualités antibactériennes et antioxydantes, entraînant la mise à disposition d’une nouvelle source de substances naturelles, en relève des molécules de synthèse.

Aujourd’hui, des professionnels rendent régulièrement des travaux confirmant les nombreuses vertus des plantes, avec il y a quelques années, la révélation des propriétés moléculaires de végétaux ralentissant la dégradation cellulaire et le vieillissement ( Tvx. du Pr Jean Morelle – Biochimiste ).

Ce familier hôte des haies, inspirateur des poètes, n’a pas fini de nous surprendre, comme maints autres occupants qui attendent patiemment d’être réhabilités en ce siècle de redécouverte d’une nature souvent trop obscure, mais beaucoup plus lumineuse et généreuse qu’un Musée.

Parcourir aussi le site internet : https://plantes-sauvages-comestibles.com/

Avec l’autorisation de l’Est Eclair / Libération Champagne

Photos © Yves Meurville – Nathalie Deshayes et texte © Yves Meurville