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« Les chouettes et les hiboux ont été victimes d’imaginations superstitieuses. Dans le bestiaire diabolique et burlesque inventé par l’homme que rongeait la peur de la nuit, ces pauvres oiseaux ont été chargés de toutes les collusions avec les puissances maléfiques.

Paul Géroudet

Tout profane serait à l’acmé d’une tension et troublé par l’aura chatoyante d’une forme, face à l’apparition de la noctambule Dame blanche émergeant silencieusement des ténèbres.

Scientifiquement nommée « Tyto alba », traduit chouette blanche, elle arbore une poitrine immaculée aux effets soyeux, perlée de brun, secondée d’un dos roux doré, le tout rehaussé d’une expression faciale demi – humaine.

Sacrée chez les Grecs, et animal mythique de l’Égypte ancienne, elle a été longuement persécutée en pays chrétiens et vivement crucifiée aux portes pour éloigner le mal.

Appâtée sur piquets avec des griffes, victime d’allègres pratiques du vol au nid, d’obstruction de nichées, d’abattage, de consommation, naturalisation, collection d’œufs, mode d’ornement de ses plumes, elle ne fût protégée que tardivement sur terre, et l’année 1972 en France.

Sa sympathique représentation de chouette dans la série de films « Harry Potter » en a stimulé à son désavantage la capture et son commerce sur les marchés d’Indonésie vendue comme fidèle Dame de compagnie auprès des enfants.

Victime par collisions du trafic routier, de la pollution des sols et de la disparition de ses habitats, sa population est en net régression.

D’une envergure de 0,92 cm, liée à une hauteur de 0,35 cm, la Dame blanche au poids léger de 350 g, sertie de gros yeux fixes fascinants, élit domicile au voisinage de l’homme avec une espérance de vie de 23 ans pour une chouette retrouvée baguée.

Légende photo ci-contre : « Mensurations et poids de la Dame Blanche » ( source LPO ) 

Chassant à l’ouïe en totale obscurité, son vêtement blanc approprié la seconde favorablement par nuit de pleine lune.

Sa séduisante aptitude au déplacement feutré est source d’inspiration auprès d’Ingénieurs en Aéronautique.

Décrite sous la plume de Georges Brassens, « le cœur au mitan de la figure », cette singulière livrée à l’image d’une parabole, l’avantage dans la canalisation des sons et la collecte de tout déplacement de proies, même sous la neige.

À échelle microscopique, la reproduction de ce caractère particulier permettrait à la biomédecine de renforcer l’efficacité des appareils auditifs.

Déposant ces cinq œufs au sol d’une grange, d’un grenier ou clocher, sur une couche feutrée de rejets de poils et d’os émanant de ses pelotes de réjection, la femelle les couve 32 jours, nourrit de petits mammifères apportés par le mâle.

Légende de la photo : Oisillons  de quelques jours de la chouette des clochers , au nid avec leur duvet. 

Concourant au projet de protection biologique des cultures dans la Vallée du Jourdain ( Proche Orient), elle a été recrutée au poste d’Agent sanitaire de lutte contre les campagnols, mulots, musaraignes, sous la devise : « Les chouettes ne connaissent pas de frontières », affirmation confirmée par les données du GPS.

Alliée du monde agricole, c’est une exceptionnelle prédatrice des rongeurs impactés habituellement par le rodenticide, un dangereux poison anticoagulant, condamnant aussi les chouettes par l’extension de ses effets.

Légende photo ci-contre : « Grains de rodenticide déposés devant un trou de rongeurs »

Elle est l’Ambassadrice de paix au Proche – Orient, le support d’un dialogue pacifique entre Membres de communautés en conflit, une audacieuse démarche qu’a encouragée sa Sainteté le Pape François, lors d’un entretien au Vatican avec les Acteurs du programme.

Cette initiative diplomatique et scientifique favorise la coopération de différents milieux culturels, unis par l’entremise d’un oiseau, devenu salutaire dans de nombreux Pays du monde, après en avoir été banni.

A noter que depuis 25 ans, son effigie inspire un jeu de sagacité « Sur la trace de la chouette d’or » réunissant sur Internet un réseau de « chouetteurs » À la recherche d’un trésor.

Le Fonds Mondial pour la Nature ( WWF ) a publié récemment des chiffres alarmants , avec l’annonce de la disparition en 1/2 siècle, de 70 % des espèces d’animaux sauvages, oiseaux, insectes compris.

En laisserons-nous s’effacer silencieusement pour toujours le reliquat ?

Éternellement,
la Nature compose sa symphonie.
Il y a la Nature en l’état
qui s’offre et se consume,
toque si je l’oublie
ou fait semblant de l’oublier.
Je ranime alors sa flamme.
En écrivant.

Yves Meurville

Avec l’autorisation de l’Est Eclair / Libération Champagne

Sources et photos :

  • « L’effraie des clochers », ouvrage didactique d’Alexandre Roulin et Laurent Willeneger chez Delachaux et Niestlé
  • – Site internet : Association La Choue, Reynald Hézard