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Il est passionnant de se plonger dans l’histoire pour prendre conscience que notre monde actuel est loin d’être tout puissant face aux fléaux qui le ravagent. Avec l’apparition du Corona virus, depuis presque la fin 2019, nous vivons une réalité extraordinaire, dans le sens propre du terme, digne d’un scénario catastrophe sur Netflix.

Couvre-feu, confinement, masque de protection… des termes d’état de guerre que l’on n’aurait jamais imaginé employer de nos jours.

Pourtant, il y a de cela 500 ans, en 1518, Troyes est dévastée par la peste et les moyens utilisés pour lutter contre l’épidémie ont quelques similitudes avec notre époque actuelle.

La peste avait déjà fait des ravages sur l’ensemble de l’Occident, en accostant à Marseille le 1er Novembre 1347.

Et là, à Troyes, en ce début de siècle que l’on nommera plus tard le « Beau XVIème », « la sinistre voyageuse » est là, partout en ville, implacable.

Des drapeaux noirs sont hissés partout en haut des remparts et des clochers : le malheur est repérable de loin.

Alors, pour la première fois, le conseil de ville s’organise. Une politique sanitaire de secours et de prévention est mise en place, telle notre actuelle ARS, Agence Régionale de Santé, mais à petite échelle. Un contrôleur de la peste est nommé et un certain nombre de mesures drastiques sont prises.

Les vagabonds sont chassés de la ville sous peine d’avoir les oreilles coupées par le bourreau.

Une « maison des champs » est rapidement construite à St Julien pour abriter les « sans-logis » contaminés.

On se relaye pour surveiller les portes de la ville, interdisant l’accès à tout individu ou marchandises venant de régions contaminées.

A cette époque, on soupçonne les vieux chiffons, la laine, les peaux, de propager l’épidémie, donc on en détruits les stocks et on en stoppe la production, cessant donc l’activité des tanneurs, des papetiers, des drapiers, si nombreux. La misère s’accroit.

Les maisons des malades sont marquées d’une croix blanche. Les fenêtres, les portes sauf une, sont barrées et cloutées. Le malade et ses proches ne doivent en aucun cas en sortir.

A leur mort, leurs meubles, leurs vêtements sont brulés.

Les personnes chargées de les inhumer portent une veste rouge et sont munis d’une baguette et de clochettes pour inciter les passants à ne pas s’approcher. On n’est pas si loin de notre application TousAntiCovid actuelle…

Ceux qui ont côtoyé un malade portent une baguette blanche, ce sont les « cas contacts » de l’époque. L’accès aux boulangeries, aux boucheries, aux messes leur est fermé.

Les cérémonies funèbres sont interdites, les inhumations se font de nuit en catimini.

Les quartiers qui connaissent des cas de peste, nos « clusters actuels », sont isolés. Les habitants ne doivent pas le quitter.

Avec la chaleur, l’épidémie atteint son paroxysme durant les mois de plein été.

Les Troyens se procurent des bouquets de plantes, telle la sauge, le romarin, la menthe, qui, disait-on éloignait la maladie, tel notre gel hydroalcoolique.

Enfin, à l’automne, les guérisons sont de plus en plus nombreuses et c’est en novembre que la peste disparait, comme elle est venue.

Elle reviendra quelques années plus tard, en 1524.

Funeste année que 1524 pour les troyens qui connaîtront aussi le pire incendie de leur histoire.

Photo d’entête et de mise en page : Corbeau © Ralph