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« Moi, j’étais fait pour être jardinier.
La termitière future m’épouvante et je hais ses vertus de robots .
Je vous le répète : j’étais fait pour cultiver les plantes et humer leurs parfums. Je ne regretterai absolument rien ».


Extraits du « Petit Prince » d’ Antoine de Saint Exupéry , ce livre est le plus lu après La Bible.

En songeant au « Petit Prince «, des pousses sédentaires d’ail sauvage, réapparaissent sous mes pas, après l’hiver, chacune pointant le bout du nez dans l’humidité de ce sous-bois champenois, riche en humus, fréquenté par les rouges-gorges.

Nos Ancêtres avaient rapidement constaté que l’ail octroyait à l’homme la force d’un ours, l’unissant symboliquement à la Nature, d’où l’attribution au 18ème s. du nom composé scientifique : « ail des ours « Allium ursinum » , provenant du celtique ALL , piquant et du latin URSUS , ours.

On retiendra ses synonymes de faux muguet, ciboulette des ours, ail des porcs en Angleterre, poireau d’ours en Allemagne, ail des blaireaux aux Pays Bas, et son double pluriel en ails ou aulx.

Cette exubérante sauvageonne, au subtil parfum, est une plante vivace faisant autorité de ses vastes tapis verts, avant l’apparition de la frondaison.

Plante mellifère, elle présente un intérêt apicole, car elle est riche en nectar et en pollen.

Les études polliniques de sites archéologiques attestent de son utilisation par nos aïeux, et ce, depuis l’Homme de Cro -Magnon en Dordogne.

Ses vertus, appréciées des Romains, stimulaient la force des Légionnaires, et en Égypte, à Gizeh, les constructeurs de pyramides l’absorbaient en tant qu’aliment énergétique.

Plus proche de nous, le futur Henri IV aurait eu à la naissance ses lèvres frictionnées d’ail.

De multiples qualificatifs vertueux affluent dans les citations de Médecins et Écrivains d’histoire naturelle de l’Antiquité : ail providentiel, inestimable, munificent.

Il est présenté jusqu’au 19 ème s. comme le thériaque des Paysans, un remède universel tonique et le meilleur médicament spécifique au moment de la peste.

Il posséderait plusieurs fonctions : régulateur de flore intestinale et du taux de cholestérol, fortifiant gastrique, antidiabétique, limiteur d’hypertension, anti-oxydant, le ralentisseur du vieillissement.

Tout commence en mars avec deux feuilles en forme de lance, aux tiges de section semi-cylindrique, émanant d’un bulbe souterrain.

Puis suivra une nouvelle hampe, garnie d’une unique inflorescence à 25 étoiles, trésors de pollen, de nectar pour les abeilles et de graines partiellement destinées aux fourmis.

Revenons au feuillage : il sera parcimonieusement récolté, utilisé frais.

C’est un condiment ravigotant, et après analyses, riche en vitamines, surtout la C , en huiles essentielles et minéraux, lui conférant des propriétés antiseptiques.

Autrefois, de rituelles cueillettes d’ail se déroulaient en groupe pour en éviter le saccage
et la confusion avec des végétaux toxiques : muguet, arum tacheté, colchique .

Lavé puis ciselé, il agrémente salade, soupe, gratin, omelette, quiche, pâtes.

Son essence sulfureuse, l’hallucine, à l’action antibiotique, aromatise fortement l’haleine.

Ignorants de ce précieux avantage, les Grecs interdisaient les lieux de culte aux malodorants Fidèles, consommateurs de cette panacée.

Par contre, les Praticiens médiévaux en lutte constante contre les contaminations, portaient des masques comblés d’ails.

Au cours de la seconde guerre mondiale, les soldats Russes, en connaisseurs, s’en munissaient par prévention dans le cas de complications infectieuses avec une blessure.

En ce 20 mars, jour d’équinoxe de printemps, ovationnons ce champion de l’altérité, ayant toujours bonne presse, compagnon fidèle de la blanche et rosée, secrète Anémone Sylvie.

Recettes :


1 ) – Pesto d’ail :
Mixer : 80 g de feuilles d’ail frais ( l’ail des ours se sème, on trouve les graines dans le commerce ) – 80 g de parmesan – 3 c. d’huile d’olive – 1 c. de jus de citron

2 ) – Frotter de l’ail sur une tranche de pain grillée et sur l’autre face étendre de la crème, du fromage de chèvre ou de brebis

Une lecture : de Bernard Bertrand « L’ours qui aimait l’ail »

Le Jardinage : L’ail des ours peut se semer en pot à l’ombre

Avec l’autorisation de l’Est Eclair / Libération Champagne

Photos et texte © Yves Meurville